3 questions à Cristiano Raimondi, commissaire de l'exposition "Villa Marlene" du NMNM

Comment l’idée de cette exposition est-elle née ?

Francesco Vezzoli, lorsqu’il a visité la Villa Sauber pour la première fois, a tout de suite été intéressé par le décalage entre l’extérieur et l’intérieur du lieu. Ainsi, pour lui, il est apparu comme une évidence qu’il fallait redonner à la Villa son apparence de demeure du début du siècle, avec un intérieur bourgeois, rehaussé de moulures, etc.

Par ailleurs, cet artiste italien travaille depuis plus de quinze ans sur la figure de Marlene Dietrich. Il est particulièrement intéressé par  la différence qui existe entre le personnage qu’elle a créé de toutes pièces pour le public et qui est devenu au fil des années une véritable icône, et la femme engagée qu’elle était dans le privé – se positionnant notamment contre le régime nazi.

Quel est le concept de Villa Marlene ?

Il faut plutôt voir cette exposition comme une œuvre totale qui occupe l’ensemble des espaces de la Villa – autrement dit une installation. La Villa Sauber devenue Villa Marlene peut tout à la fois être vue comme une demeure que l’actrice aurait habitée, notamment à la fin de sa vie lorsqu’elle vivait recluse chez elle, qu’un musée fictif réalisé après la mort de l’actrice, rassemblant les hommages que des artistes majeurs de son temps lui auraient rendu.

Justement, quelles sont œuvres principales de cette exposition ?

On retrouve des œuvres « historiques » de Francesco Vezzoli qui tissent un lien entre Marlene Dietrich et Anni Albers, figure incontournable du Bauhaus et de l’esthétique moderniste, rapprochant ainsi deux artistes contemporaines l’une de l’autre, l’une étant une icône « populaire », l’autre étant une référence incontestée mais  plus intellectuelle, toutes deux étant aussi engagées que combatives contre la dérive populiste nazie.

Pour cette exposition, l’artiste a également imaginé des portraits de Marlene réalisés par de grands artistes ; on retrouve ainsi des œuvres de Francis Bacon, René Magritte, Henri Matisse, Amedeo Modigliani, Tamara de Lempicka ou encore Giorgio de Chirico mystérieusement datées de 2016

La vidéo Marlene Redux – A True Hollywood Series (2006) pourrait être le manifeste de l’exposition. Ce court métrage s’inspire à la fois du documentaire sur l’actrice réalisé par Maximilian Schell et de la célèbre série TV américaine « A true Hollywood story ». Entre fausses interviews et extraits de films, on découvre, de manière ironique et romancée, la vie de Francesco Vezzoli, jeune artiste météore cherchant à s’affirmer avant de disparaître.